Plus tard, avec les études de Droit et le travail, j’ai
perdu ce contact et l’ai oublié.... je suis alors devenue très malade, de la
souffrance qui était en moi, et dépressive. J’ai pensé qu’en quittant Paris et
en vivant en Corse, je serais heureuse. Mais... nous transportons partout avec
nous ce qui est en nous... Cette prise de conscience, et les premiers temps de
vie à Ajaccio, furent donc très durs pour moi, jusqu’à ce qu’un jour, par une
église protestante évangélique, j’entende le verset de Jérémie 29.11 où D.ieu
dit (dans la traduction française que j’entendis à l’époque) « Je connais
les projets que J’ai formés pour toi, projets de paix et non de malheur, afin
de te donner un avenir et de l’espérance ». Tout d’un coup, la présence de
Dieu et Son amour faisaient à nouveau irruption dans ma vie ! Il me
redonnait le lien avec Lui ! Lisant, dans les Textes, que D.ieu interdit
de faire des statues et représentations, et de se prosterner devant, je quittai
l’église catholique pour les Protestants Evangéliques. Je créai même une
librairie biblique, « la Source de l’Espérance » que j’ai gérée
presque 10 ans : je voulais que tous connaissent cette Parole qui m’avait donné
une telle espérance !
Je fus invitée à une semaine de séminaire sur les
relations entre Juifs et Chrétiens ; entre la France et Israël. Ce fut un
choc brutal pour moi (et pour nous tous), de découvrir les horreurs de ces 2000
ans d’histoire, au nom de ce qui était notre religion, ainsi que les mensonges
actuels des médias, des politiques et des nations, contre Israël. J’ai alors
créé un site internet pour dénoncer ces mensonges et injustices ; j’ai
écrit de nombreux courriers aux politiques et médias, et des articles que
d’autres sites publiaient aussi. Ce fut le début d’un combat que j’ai mené
durant presque 10 ans, écrivant aussi deux livres (« Israël au cœur, tomes
1 et 2, éds Persée).
Puis, un jour, je reçus dans le cœur cette conviction,
cet appel : « quitte tout pour servir Israël ». Je ne
connaissais rien ni personne, en Israël, ni même la langue. Comment tout
quitter, pour où, avec qui, quand, et pour quoi faire ?.... Je savais que
je le ferais, mais je n’avais aucune idée de comment. Durant les mois qui
suivirent, Dieu me donna un contact, puis un autre, puis ouvrit finalement la
porte de Sar-El, les bénévoles de Tsahal : je vins donc, avec des Juifs de
France, comme bénévole, deux semaines dans une base de l’armée. Ayant la
conviction que c’était enfin « la bonne porte », je laissai mon
travail et ma vie en Corse et arrivai en Israël en mai 2005, il y a un peu plus
de 10 ans. Sar-El m’envoya comme bénévole dans des Maisons de Retraite, dans
des services de personnes complètement dépendantes. Et, à différentes reprises,
surtout pendant les guerres, je suis revenue dans une Base pour aider.
Après 6 ans de ce bénévolat, un ami m’invita un jour à un
cours de Torah, à Jérusalem. Tout de suite, je
« sus » que c’était la vérité et qu’Israël a, bien sûr, la véritable
lecture des Textes. Je voulus quitter ce que je découvrais comme la
« substitution » et une lecture mensongère. C’est alors que je fus
invitée au Symposium des Bnei Noa’h, organisé par le Rav Cherki, à Jérusalem,
en juillet il y a exactement 4 ans. J’ai immédiatement aimé cette conception de
l’humanité, où chacun a sa place, Israël comme cœur d’un grand corps, et les
personnes des Nations comme cellules des membres de ce corps. Moi aussi, je
voulais m’y engager et y trouver ma place. Mais... quoi faire de tout ce que
j’avais entendu pendant 58 ans ?!
C’est ainsi que j’arrivai, avec toutes mes
interrogations. Au fil des mois, le Rav Cherki répondit à mes questions et me
prêta l’excellent livre d’Avraham Livni, « le Retour d’Israël » qui
acheva de me convaincre. Si bien qu’en novembre 2011, je m’engageai comme Bat
Noa’h.
Il fut dur, bien sûr, de perdre pratiquement tous les
amis et les contacts de toute une vie ! Et aussi tout l’engagement que
j’avais, de soutien à Israël, par les sites qui me demandaient d’écrire pour
eux, ou publiaient mes lettres et articles. Mais j’ai choisi la vérité,
renonçant à tout le reste.
Peu à peu, un autre engagement s’ouvrit à moi, grâce à l'enregistrement de mon témoignage, puis de courts
enseignements et exhortations pour les Bnei Noa’h. Je créai ma propre chaîne youtube (Torah Life) pour ces messages en plusieurs langues. Le Rav Cherki m’offrit aussi d’intervenir à diverses reprises, notamment à son Symposium, à des radios ou
même à la télévision israélienne ! Beaucoup m’écrivirent qu’ils avaient
découvert leur propre identité, grâce à mes interventions, et voulaient aussi
s’engager comme Ben ou Bat Noa’h. Je créai aussi un blog des Bnei Noa’h (la Réparation des Nations). Il m’avait semblé tout perdre, mais D.ieu me redonnait,
autrement.
Finalement, j’ai été Bat Noa’h deux ans. Un jour, soudain,
quelque chose s’éveilla en moi : je voyais clairement que je faisais
partie de ce peuple et de ce pays, je « savais » que c’était mon
identité profonde et véritable. Et j’eus la conviction que je devais poursuivre
mon chemin et me convertir.
A nouveau, il fallait tout laisser, mon nouvel engagement
comme Bat Noa’h, et même le fait d’être « non-Juive et
non-Israélienne soutenant Israël », comme je l’avais toujours
proclamé. Mais c’était évident que je devais le faire. D’ailleurs, tous les
amis juifs (qui me connaissaient depuis parfois 8 ou 10 ans), à qui j’annonçai
par la suite ma décision, me dirent tous qu’ils avaient toujours su qu’un jour
je me convertirais, mais ils ne me l’avaient pas dit pour que je puisse
l’entendre moi-même.
Il y a donc maintenant un an et demi que je suis Juive,
vivant dans un tout petit ichouv (village) du Goush Etsion (dans le territoire
de Yehuda, en Israël). Peu à peu, j’y ai trouvé du travail. Mais comment
m’engager encore ? J’avais toujours dans le cœur la conviction de
reprendre mon blog des Bnei Noa’h, en plusieurs langues, et aussi ma chaîne
youtube, également en plusieurs langues. Mais comment et pour dire quoi ? Ne
sachant pas, j’attendais les « portes » que D.ieu allait m’ouvrir.
C’est alors qu’un groupe de femmes ‘Habad du ichouv me
proposa d’étudier avec elles, le Shabbat, le livre de Rav Ginsburgh sur les
Bnei Noa’h « Kaballah and Meditation for the Nations » en vue d’une
action en faveur des Nations ! Pourtant, je ne suis ni ‘Habad, ni de
langue anglaise ! Je le pris donc comme un encouragement venant de Dieu.
Parallèlement, les Bnei Noa’h francophones me
contactèrent à plusieurs reprises, pour me proposer de faire partie d’un de
leurs groupes fb des Bnei Noa’h, puis d’un autre, etc... Plusieurs y ont
d’ailleurs publié mes témoignages vidéo, disant même parfois qu’ils étaient
devenus Bnei Noa’h grâce à mon témoignage, ce qui contribua encore à
m’encourager dans cette direction. Finalement, ils me proposèrent d’étudier
avec eux, en skype, un autre livre, « the Divine Code » du Rav Weiner,
avec le Rav Peres de Jérusalem. A plusieurs reprises, ils me demandèrent de
prier pour eux, ou même d’aller au Kotel, pour eux ou pour les intentions
qu’ils me confiaient. Des liens se sont tissés, de plus en plus profonds, de
confiance et de réelle amitié ; puis aussi avec des personnes ou groupes
d’autres langues.
C’est ainsi que j’ai été poussée à retravailler sur mon
blog, y mettant l’information la plus large concernant les Bnei Noa’h, en
diverses langues, afin de contribuer, moi aussi, à ce que des personnes du
monde entier, cherchant aussi leur identité, puissent la trouver. Et j’ai
recommencé à enregistrer des vidéos, comme D.ieu me
l’avait mis dans le cœur depuis plus d’un an. J'écris aujourd'hui ce
témoignage, à la fois pour mesurer tout le chemin que D.ieu m’a fait parcourir
et pour « fermer le cercle ». Surtout, pour qu’il serve d’encouragement
à d’autres.
En effet, à plusieurs reprises, je m’étais engagée puis,
par fidélité et obéissance à D.ieu, j’avais renoncé à un engagement, puis à un
autre. Mais Lui savait très bien où, finalement, Il m’attendait : dans ce
tout petit village, apparemment coupée de tout mais où je suis, en fin de
compte, en lien avec le monde entier : après avoir cherché ma voie comme
Catholique, puis Evangélique, puis Bat Noa’h, je suis finalement Juive,
travaillant en association avec des Bnei Noa’h dans le monde entier, pour
construire ensemble le grand Projet d’Hachem !
Que ce témoignage puisse encourager tous ceux qui
cherchent leur identité et leur place, ou qui ont l’impression que les portes de
leur vie se ferment ; ceux qui se disent qu’ils ont renoncé pour D.ieu, ou
ont perdu.... Avec D.ieu, rien n’est jamais perdu ! Il a tout Son temps
et, si nous le voulons et Lui obéissons, même si nous ne comprenons pas Ses
chemins, Il nous fera arriver au bon endroit, dans le Plan qu’Il a pour nous et
dont.... toutes les étapes précédentes font aussi partie ; elles étaient
même toutes nécessaires à notre Service, et pour que soit constitué le grand
puzzle de notre vie.
Que D.ieu vous bénisse tous.
Tsipora Hodaya Antonietti
Juillet 2015