Roch Hachana est le Nouvel An juif. Son nom signifie, littéralement, « Tête de l’année ». Et, de même que la tête contrôle le corps entier, ce jour a une immense influence sur tout le reste de l’année.
D’après la tradition et l'avis prédominant dans le Talmud, à Roch Hachana, nous célébrons la création du premier homme. En effet, c’est le jour où Dieu acheva la création du monde en créant Adam, le premier homme.
On remarquera que le terme de « Roch Hachana » est celui utilisé dans le traité talmudique du même nom, qui lui est consacré.
Mais, dans la Torah, cette Fête est appelée « Yom Terouah » (le Jour de la Sonnerie du Choffar) et le commandement central de Roch Hachana est la sonnerie du choffar (corne de bélier) :
« L'Éternel parla à Moïse en ces termes : « Parle ainsi aux enfants d'Israël : au septième mois, le premier jour du mois, aura lieu pour vous un repos solennel ; commémoration par une fanfare, convocation sainte. » Vayikfra, Lévitique 23. 23-24
« Au septième mois, le premier jour du mois, il y aura pour vous convocation sainte : vous ne ferez aucune œuvre servile. Ce sera pour vous le Jour de la Sonnerie du Choffar. » Bamidbar, Nombres 29.1
Dans la prière juive, cette Fête est aussi appelée « Yom
Hazikarone » (le Jour du Souvenir) et « Yom Hadine »
(le Jour du Jugement), car c’est le jour où Dieu passe en jugement toutes Ses
créatures et détermine le destin de chacune, pour toute l’année.
Dans les prières de ce jour, il est dit que « tous les habitants du
monde passent devant Dieu ». Dieu considère les actions, les paroles
et les pensées de chacun, individuellement : s’il a marché dans les voies
de la Torah et ses Commandements, s’il a servi son Créateur ou non, et s’il a
rempli son rôle sur terre. Dieu juge et Il décide « qui vivra et qui
mourra… qui sera riche et qui sera pauvre… » Dieu scelle, ainsi, le
jugement de chaque être humain, pour l’année à venir.
Comme au premier Roch Hachana où Dieu créa le monde, chaque année, Il reconsidère Sa création, examine les voies de chacun de nous, durant toute l’année écoulée, et détermine ce que sera pour chacun et pour l’Humanité entière, cette année qui commence.
En ce sens, les sons du choffar évoquent une
plainte, car nous sommes tous appelés à la repentance.
Nous devons donc prendre conscience pleinement de l’importance de ce jour et nous y préparer, même, déjà, durant toute l’année, par notre obéissance à Ses Commandements et par nos bonnes actions.
C’est en raison de ce jugement que le peuple juif a coutume de consommer des aliments doux (tranches de pommes trempées dans du miel…), ainsi que des aliments symbolisant la bénédiction et l’abondance (tête de poisson, grenade…), pour affirmer son optimisme, quant au jugement positif de Dieu, à son égard.
On se souhaite, d’ailleurs, mutuellement « une bonne inscription et un bon sceau », ou d’être inscrit et scellé pour une bonne année, dans le Livre de vie.
C’est un temps pour dire à Dieu « souviens-Toi de nous pour le bien »,
et pour Lui demander de nous donner une année de paix, de prospérité et de
bénédictions.
Mais Roch Hachana est aussi un jour où l’on proclame la Royauté de Dieu et notre acceptation de cette Royauté sur nous. C’est, d’ailleurs, l’une des significations de la sonnerie du choffar : le peuple juif écoute, en ce jour, la sonnerie du choffar, comme on le faisait, dans la Torah, quand on couronnait un roi.
Roch Hachana est donc aussi un jour de joie, car
nous proclamons Dieu comme Roi sur nous et sur tout l’univers. Et, dans la
Délivrance Finale, tous les êtres humains reconnaîtront que Dieu règne sur
toute la terre.
On notera d’ailleurs que, dans la
tradition juive, le premier geste d’Adam, lorsqu’il fut créé et s’adressa à
toutes les créatures, fut de proclamer Dieu comme Roi de l’univers en
disant :
« Venez, inclinons-nous, prosternons-nous, plions le genou devant Dieu notre Créateur » (Psaumes 95, 6).
Le choffar a encore d’autres significations : il nous rappelle, notamment, la Révélation de Dieu au Mont Sinaï et le Don de la Torah. Et nous pouvons prier pour que Dieu Se manifeste très bientôt, une nouvelle fois, au son du choffar, annonçant la Délivrance d’Israël et de l’Humanité.
Le choffar nous rappelle aussi
la Emouna (la foi) d’Abraham, dans l’événement du « sacrifice »
d’Isaac, puisqu’Abraham offrit finalement un bélier, en offrande à Dieu, à la
place de son fils Isaac. C’est pourquoi ce récit de la Torah (Béréchit, Genèse
22.1-24) est lu dans les synagogues, le deuxième jour de Roch Hachana.
Est lu, ensuite, un Texte
évoquant l’amour éternel de Dieu pour Israël (Jérémie 31.1-20).
Le premier jour de Roch Hachana, sont lus
le récit de la naissance d’Isaac (Genèse 21.1-34), puis un Texte relatant la
naissance du prophète Samuel (1 Samuel 1 et 2.1-10). Selon les Maîtres
d’Israël, Isaac et Samuel ont, tous les deux, été conçus à Roch Hachana. Ces
Textes nous rappellent la prière de Sarah et celle de ‘Hanna, toutes deux
stériles, et comment Dieu les a entendues et exaucées. Ces lectures renforcent
notre Emouna (notre foi) que Dieu écoute nos prières et y répond.
La prière de ‘Hanna (qui enfanta Samuel) est d’ailleurs devenue l’une des sources bibliques fondamentales du concept de la prière. ‘Hanna demandait à Dieu un enfant mâle et « je le vouerai à l’Eternel pour toute sa vie. » Savoir qu’elle fut exaucée à Roch Hachana, nous encourage à présenter à Dieu nos demandes, même matérielles, à plus forte raison en ce jour, puisque nous aussi avons pour but de servir l’Eternel.
Ajoutons que, d’après l’enseignement des Maîtres d’Israël, c’est aussi à Roch Hachana que prit fin l’esclavage des Hébreux en Egypte. Certes, la sortie d’Egypte eut lieu plus tard, à Pessa’h, mais l’esclavage avait déjà cessé, à Roch Hachana. Cela nous exhorte à prier, avec d’autant plus de force, pour sortir, nous aussi, de nos esclavages et de tout ce qui nous oppresse.
Remarquons aussi qu’il y a, dans la Torah, plusieurs « têtes de l’année » : le 1er Nissan, au printemps, est le Nouvel An des rois d’Israël et des Fêtes de pèlerinage ; le 1er Elloul, est le Nouvel An de la dîme des animaux domestiques utilisés dans les travaux agricoles ; le 1er Tichri, est le Nouvel An des rois des nations, ainsi que des cycles des saisons et des plantations ; le 1er Chevat (ou le 15, suivant les avis), est le Nouvel An des arbres fruitiers.
On voit ainsi que chaque domaine
est pris en considération d’une façon spéciale, car Dieu connaît toutes choses
et chacune a sa place, dans Son immense Projet.
Comme nous l’avons dit, dans l’introduction au Chabbat et aux Fêtes, les Bnei Noa’h n’ont pas de rites ou de commandements particuliers, pour Roch Hachana. Néanmoins, puisqu’il s’agit du jugement de toutes les Nations, et de la proclamation de Dieu comme Roi sur toute la terre, nous exhortons les Bnei Noa’h à s’associer, à la fois à la démarche de Téchouva (de retour vers soi-même et vers Dieu, comme nous l’avons expliqué dans l’introduction de ce livre), et à la proclamation de Sa Royauté.
Ce sont deux jours où chacun est invité à prendre du temps avec Dieu. Conscients qu’Il considère notre comportement, en vue de déterminer de quoi sera faite, pour nous, l’année qui commence, nous pouvons examiner, nous-mêmes, nos actions et nos pensées durant cette année passée. Demandons à Dieu de nous éclairer, puis demandons-Lui pardon et prenons des résolutions, pour cette nouvelle année. En effet, Dieu dit à chacun de nous :
« Vois, je te propose en ce jour, d'un côté,
la vie avec le bien, de l'autre, la mort avec le mal…
Aime l'Éternel, ton Dieu, écoute Sa voix, reste-Lui fidèle : c'est là la condition de ta vie et de ta longévité. » (Deutéronome 30.15 et 20)
En réalité, Dieu est bon et veut prodiguer du bien à toutes Ses créatures,
comme il est dit : « L’Eternel
est bon à l’égard de tous, et Sa miséricorde s’étend à toutes Ses œuvres. »
(Ps 145, 9) Mais il nous donne le libre arbitre de choisir, entre le bien et le
mal, afin que nous ayons le mérite, et donc la satisfaction et la joie, pour ce
que nous aurons accompli. Nous ressentirons aussi de la dignité, lorsque nous
recevrons, en récompense, tous Ses bienfaits.
En considérant son propre comportement, chacun peut facilement éprouver des regrets, demander pardon, réparer par son repentir et annuler l’accusation qui pèse contre lui. C’est le moment de nous nettoyer du mal qui s’était attaché à nous, pour nous lier d’une façon renouvelée, au Créateur et à ce qu’Il demande pour notre vie.
Après quoi, nous pouvons Lui demander, pour nous-mêmes et pour les nôtres, « souviens-Toi de nous pour le bien », de nous sceller pour une bonne année, dans le Livre de vie et de nous donner une année de paix, de prospérité et de bénédictions.
Nous pouvons aussi louer Dieu et Lui exprimer notre reconnaissance, pour avoir eu le mérite de Le connaître et d’accepter Sa Royauté sur nous, Demandons-Lui de toujours nous rapprocher de Sa Torah, de Son Service et de nous garder dans l’obéissance à Ses Commandements.
Il est aussi possible de donner la Tsédaka. En
effet, comme il est dit dans la prière juive de Roch Hachana, les trois voies
menant à une année « écrite et scellée » dans le bien et les
bénédictions de Dieu, sont : Téchouva, Téfila et Tsédaka. C’est-à-dire,
comme nous l’avons expliqué en introduction à cet ouvrage : nous revenons
à notre moi le plus intime et à Dieu (Téchouva), nous nous attachons à Dieu
(Téfila) et nous faisons des dons avec justice (Tsédaka)
Il faut bien reconnaître que, souvent, le quotidien et ses obligations nous absorbent, au point que nous pouvons perdre de vue tout ce à quoi notre âme aspire profondément. Ces deux jours sont, donc, une opportunité que Dieu nous donne de prendre conscience de tout ce qui peut nous asservir, afin de nous en dégager, nous en libérer et de changer. Ainsi, nous verrons à nouveau quelles sont nos vraies priorités et nous serons renforcés, pour la nouvelle année.
Nous pouvons aussi prier pour que les personnes que nous connaissons aient aussi ce mérite, et pour que tous les hommes viennent à connaître Dieu et à se soumettre à Sa Royauté. Demandons à Dieu de nous donner des opportunités pour parler, autour de nous, et, ainsi, entraîner dans notre avancée notre famille et ceux qui nous entourent. En cela, nous contribuerons à la réparation et à l’avancée de ce monde.
Pour ceux qui le souhaitent, ainsi que pour les
communautés noa’hides, nous proposons, ici, les Textes de la Torah et des
prophètes qui seront lus, comme nous l’avons dit, pour ces deux jours, ainsi
qu’un choix de Psaumes et prières (qui font partie de la liturgie d’Israël à
Roch Hachana).
Les Bnei Noa’h pourront aussi se vêtir de beaux habits, décorer leur maison et préparer de bons repas, auxquels ils pourront inviter famille et amis, car il est important de saisir toutes les opportunités pour faire connaître Dieu au monde, publier Ses miracles et transmettre Son Message.
Cela est d’autant plus important à Roch Hachana, puisque Dieu juge tous les hommes et qu’Il est couronné Roi sur toute la terre. Il est de notre devoir de faire savoir aux hommes qu’ils sont jugés, chaque année, et qu’ils doivent changer. Ainsi, ils pourront, eux aussi, prendre des résolutions pour leur avenir, et prier pour leur nouvelle année et celle de leur famille.
Ayons conscience du bien que nous pouvons apporter aux autres, autour de nous : car celui qui se rapproche de Dieu se rapproche de la Source de la vie et de la bénédiction. Il jouit, ainsi, d’un supplément de vie et de bénédiction. Que nous puissions apporter cela à un très grand nombre, avec l’aide de Dieu !
Ce jour de Roch Hachana est l’anniversaire de la
naissance de l’Humanité. « Aujourd’hui, le monde est né »,
dit-on, dans la prière juive. Le monde renaît avec de nouvelles possibilités,
de nouveaux potentiels, pour une vie qui n’a encore jamais existé ! Nous
renouvelons aussi notre engagement avec Dieu, pour mettre en œuvre toutes ces
nouveautés. Or, la tête détermine tout le corps. Roch Hachana détermine toute
cette année, pour nous et pour l’Humanité : que, par nos prières et nos
engagements, Dieu communique à ce monde un nouveau flux de vie qui apportera, tout
au long de l’année, la paix, la lumière et la prospérité, autour de nous et à
l’Humanité entière.