Huit jours après Roch HaChana, est célébré le Jour du Grand Pardon, ou Jour des Expiations, afin que chacun puisse être lavé de ses fautes :
« Vous mortifierez vos personnes… C’est un jour d’expiation, destiné à vous réhabiliter devant l’Eternel votre Dieu. » (Vayikra, Lévitique 23.26-32)
C’est le seul jeûne qui soit prescrit dans la Torah. C’est l’occasion pour chaque personne d’examiner ses actions de l’année passée, et de prier pour le pardon des fautes qu’il a commises envers Dieu, et aussi d’amender son comportement, vis-à-vis de Dieu et vis-à-vis d’autrui.
Cette Fête trouve son motif dans la faute commise, quelques mois après la Sortie d’Egypte, par les Enfants d’Israël, lorsqu’ils firent un Veau d’or. Moïse monta sur le Mont Sinaï et demanda à Dieu de leur pardonner. Après deux fois quarante jours sur la montagne, Dieu pardonna leur faute. Moïse descendit du Sinai, le 10 Tichri, qui est ainsi devenu Yom Kippour, le Jour de l’Expiation.
Ce jour-là, dans le Temple, le Grand Prêtre,
vêtu de blanc, effectuait un service spécial avec, en particulier, l’offrande
des encens dans le Saint des Saints, et le tirage au sort entre deux boucs,
dont l’un était offert en sacrifice et l’autre était envoyé dans le désert (à
Azazel). Par le service qu’il accomplissait en ce jour, le Grand-Prêtre
obtenait le pardon pour tout Israël.
Cette journée comporte, pour les Juifs, cinq interdits : interdiction de manger et de boire, de porter des chaussures en cuir, de s’appliquer des lotions ou des crèmes, de se laver ou de se baigner, d’avoir des relations conjugales.
Elle se termine dans les
chants et la joie d’avoir été pardonnés par Dieu. Et par un repas de fête,
après le jeûne. En réalité, malgré la solennité de cette journée, une joie est
toujours présente, en raison de la confiance en Dieu qui acceptera notre Retour
à Lui, nous pardonnera et nous scellera pour de bons Décrets, pour toute
l’année à venir.
D’ailleurs, dès la fin de Kippour, chacun commence à construire sa
soucca, pour Souccot qui est « la Fête de notre Joie ».
En quoi
cette Fête concerne-t-elle les Nations et comment les Bnei Noa’h peuvent-ils
s’y associer ?
Certes, les interdictions qui s’appliquent aux Juifs ne concernent pas les Bnei Noa’h. Néanmoins, comme nous l’avons dit dans une autre page de ce blog, la Téchouva (le retour à soi-même et à Dieu) est une nécessité pour tout homme.
On voit que, dans la Torah, Dieu dit à Caïn : Béréchit, Genèse 4.6-7 : « Pourquoi es-tu irrité, et pourquoi ton visage est-il abattu ? Certainement, si tu agis bien, tu relèveras ton visage et, si tu agis mal, le péché se couche à la porte, et ses désirs se portent vers toi : mais toi, domine sur lui. »
De la même façon, que nous soyons Juifs ou Bnei Noa’h, nous avons le libre arbitre et nous sommes appelés à prendre conscience de nos mauvais choix et de nos fautes, à en demander pardon à Dieu et aux autres, et à avancer d’une façon renouvelée, avec Lui.
Comme nous l’avons vu, Naaman le Syrien, qui fut guéri de la lèpre, reconnut la Royauté de Dieu sur toute la terre et demanda pardon pour sa faute. Le prophète Elisée lui répondit de partir en paix (2 Rois 5).
Nous avons vu,
aussi, le très bel exemple de la ville de Ninive, dans le Livre de Jonas :
Dieu envoie Son prophète pour annoncer que la ville sera détruite, en raison
des nombreuses fautes de ses habitants. Mais ceux-ci firent une telle Téchouva
que Dieu annula le décret de destruction de Ninive. Or, tous les habitants
étaient non-Juifs.
Par ces exemples, le Tana’h
(Torah, Prophètes et Ecrits) nous montre que la repentance concerne toute
l’Humanité. Le Livre de Jonas est d’ailleurs lu par le peuple Juif,
l’après-midi de Yom Kippour. Or, c’est un texte essentiel, pour les Bnei Noa’h,
car on y voit la volonté de Dieu de faire du bien à cette population non-juive, malgré
les résistances de Jonas à aller délivrer son message. Ce texte montre aussi
avec quel empressement l’avertissement de Dieu fut reçu par le roi et par les
habitants de Ninive. Nous voyons, finalement, la miséricorde de Dieu qui veut
que l’homme se détourne de ses mauvaises voies, afin de pouvoir lui pardonner
et le bénir.
C’est une bonne chose que les Bnei Noa’h puissent faire, eux aussi, cette démarche de Téchouva : examiner leurs pensées, leurs paroles et leurs actions durant l’année écoulée, demander pardon à Dieu et aux autres, et revenir à Dieu et à leur moi véritable.
Bien sûr, il est souhaitable de ne pas attendre tel jour de l’année, et d’examiner régulièrement sa conduite, même chaque soir, pour demander pardon, à Dieu (et aussi aux hommes, si nous avons offensé ou nui à quiconque). Mais Kippour est une opportunité, aussi pour les Bnei Noa’h, afin de reconsidérer leurs voies et de revenir à Dieu.
On notera que, si la repentance à Yom Kippour expie les fautes envers Dieu, il n’en est pas de même pour les fautes à l’égard d’autrui, et les torts que nous avons pu leur créer. Car il faut sincèrement demander pardon aux autres et, si besoin est, restituer ce qui ne nous appartient pas, ou réparer les dommages que nous avons causés.
La Téchouva est un Retour à Dieu. Elle nous rapproche de Lui. Surtout si notre « Retour » est motivé par notre amour pour Lui, et non par la crainte d’un châtiment. Car, grâce à ce Retour par amour, les fautes que nous avions commises sont même transformées en mérites. Les Maîtres d’Israël disent que ceux qui ont vraiment fait Téchouva sont plus élevés, dans le Ciel, que ceux qui n’ont jamais fauté. La Téchouva est donc extrêmement puissante.
Ainsi, alors que les Juifs se rassemblent dans les synagogues pour prier, les Noa’hides peuvent réfléchir à leurs propres manquements, et demander à Dieu Son pardon. Et, si quelqu’un a vraiment regretté et s’est engagé à changer son comportement, Dieu Lui montrera Sa miséricorde, l’inscrira dans le Livre de Vie et il se verra accorder une année bénie.
Dieu ordonne : « Vous observerez Mes lois et Mes statuts, parce que l'homme qui les pratique obtient, par eux, la vie. » (Vayikra, Lévitique 18.5) Or, il n’est pas question, ici, seulement d’Israël, mais de tout « homme » qui gardera les 613 Mitsvot (pour un Juif) ou les 7 Lois (pour un Ben Noa’h).
Il sera important, aussi, de remercier Dieu pour Sa bienveillance à notre égard, pour Son pardon et pour les bons Décrets qu’Il aura pris à notre égard.