La Fête de Souccot dure sept jours, du 15 au 21 Tichri. Elle est suivie de la Fête de Sim’hat Torah (la Joie de la Torah), le 22 Tichri.
La Torah commande au Peuple juif : « Pendant sept jours, vous
demeurerez dans des cabanes ; tout membre du peuple d’Israël demeurera sous une
hutte de chaume, afin que vos générations sachent que j'ai donné des huttes
pour demeure aux enfants d'Israël, quand je les ai fait sortir du pays
d'Egypte, moi, l'Éternel, votre Dieu ! » (Vayikra, Lévitique
23 :42-43).
Un Juif doit donc manger, étudier et habiter
dans une soucca, pendant sept jours, pour rappeler que Dieu a fait habiter Son
peuple sous des souccot, à la Sortie d’Egypte.
Mais, si telle est la signification de la soucca, et que cette Fête est liée à la Sortie d’Egypte, elle aurait dû se situer beaucoup plus tôt dans l’année, immédiatement après Pessa’h ?...
Selon Rabbi Eliézer, ce commandement est donné en souvenir des Nuées de Gloire (ananéi kavod) dont Dieu entoura le peuple hébreu, à sa sortie d’Egypte et durant les quarante ans dans le désert. Car c’est ainsi que Dieu le protégea du vent chaud et du soleil, ainsi que des serpents et de tous les dangers. C’est aussi par les Nuées que Dieu guida Son peuple :
« L'Éternel les guidait, le jour, par une colonne de
nuée qui leur indiquait le chemin, et la nuit, par une colonne de feu destinée
à les éclairer, afin qu'ils pussent marcher jour et nuit. La colonne de nuée,
le jour et la colonne de feu, la nuit, ne cessaient de précéder le
peuple. »
(Chemot, Exode 13.21-22)
Dans le même sens, Rabbi Yossef Karo explique :
« Les souccot dont parle le verset, sont les nuées de gloire dont Dieu entoura le peuple, afin que nous nous souvenions de Ses miracles et de Ses prodiges. Bien que nous soyons sortis d’Egypte au mois de Nissan, Dieu ne nous a pas ordonné de faire une soucca en cette saison. Car, l’été, les gens ont l’habitude de s’abriter à l’ombre de huttes et il n’aurait pas été ostensible que nous bâtissons une soucca pour observer le commandement divin. Il nous a donc ordonné de la faire au septième mois (Tichri), à la période des pluies, lorsque tous les hommes quittent leur cabane pour demeurer dans leur maison. Nous, au contraire, quittons notre demeure, pour résider dans une hutte, montrant ainsi à tous que nous observons le commandement divin. » (Le Tour, section Ora’h Haïm, siman 625)
De surcroît, le toit de ces habitations est fait de branches et de feuillages. On doit pouvoir voir le ciel qui rappelle la présence et la protection permanente de Dieu.
Cela est porteur d’un enseignement essentiel, aussi, pour les Bnei Noa’h : nos vies à tous sont fragiles et éphémères, mais nous devons les vivre dans le Lien profond et constant avec notre Père, qui veille sur nous et nous protège d’en-Haut, comme Il le faisait pour le peuple hébreu dans le désert.
La Fête de Souccot concerne d’autant plus les Nations que, durant ces jours, soixante-dix taureaux étaient offerts, dans le Temple de Jérusalem (Bamidbar, Nombres 29.12-34). Et, sur le verset 29.18, Rachi commente que ces taureaux symbolisaient les soixante-dix Nations du monde. Il précise même que ces offrandes « les protégeaient contre les souffrances »
Déjà, le roi Salomon avait demandé à Dieu d’exaucer
celui qui viendrait prier dans le Temple qu’il avait construit, « l’étranger
qui viendrait de loin pour honorer Ton Nom. Car… ils viendront dans cette
Maison. Toi… Tu exauceras les vœux que t’adressera l’étranger, afin que tous
les peuples connaissent Ton Nom et qu’ils Te révèrent… » (1 Rois
8.41-42) Et tout étranger pouvait apporter un sacrifice, pour qu’il soit offert
à Dieu par les cohanim.
Le Temple est
le lieu suprême de la Présence divine. De lui émanait une abondance, tant
matérielle que spirituelle, dont les Nations bénéficiaient, elles aussi. Au
point que Rabbi Yéhochoua ben Levi dit que, « si les
nations du monde venaient à prendre conscience des bienfaits que le Temple leur
octroie, elles le garderaient de sentinelles ».
Le Temple a été détruit, mais le
Troisième Temple sera construit et Dieu dit, par le prophète Esaïe : «
les fils de l’étranger, qui s’agrègent à l’Eternel… Je les amènerai sur Ma
sainte montagne, Je les comblerai de joie dans Ma Maison de prières ; leurs
holocaustes et autres sacrifices seront les bienvenus sur Mon autel ; car Ma
Maison sera dénommée Maison de prières pour toutes les nations. » (Esaïe 56.7-8)
Ce sera même un devoir, pour les
Nations, d’y venir, pour la Fête de Souccot, comme le dit le prophète Zaccharie
: « Quiconque aura survécu, parmi tous les peuples qui seront venus contre
Jérusalem, devra s’y rendre chaque année pour se prosterner devant le Roi,
l’Eternel-Cebaot, et pour célébrer la fête de Souccot. » (Zaccharie 14.16).
Il ajoute même que « celle des familles de la terre qui n'irait pas à
Jérusalem pour se prosterner devant le Roi, l'Eternel-Cebaot, celle-là ne
serait pas favorisée par la pluie. » (Verset 17)
« … Tel sera le châtiment de l'Egypte et le
châtiment de toutes les nations qui ne feraient pas le pèlerinage de la Fête de
Souccot. » (Verset
19)
C’est, d’ailleurs, au septième jour de Souccot (le 21 Tichri), appelé « Hochana Raba » que Dieu juge le monde sur l’eau et détermine les quantités de pluie que chaque nation recevra, durant l’année à venir.
Dans le judaïsme, la pluie symbolise l’abondance que Dieu donne aux hommes.
Ce moment de l’année où les pluies vont commencer à tomber est donc essentiel.
D’autant plus qu’au huitième jour de Souccot, le peuple juif commence à prier
pour la pluie, ce qui augmente encore la joie de ces jours.
Enfin, on remarquera que la ‘Hassidout fait un lien entre l’arche de Noé et la soucca. En effet, la soucca véhicule l'idée de la paix, comme il est écrit dans la prière juive : « Déploie sur nous la Soucca de Ta paix ». Or, l’idée de paix était également présente dans l’arche puisque, pendant une année, tous les animaux y ont vécu ensemble, dans l’harmonie et dans la paix. Et il en sera de même, dans la Rédemption finale, lorsque « le loup habitera avec l’agneau » (Esaïe 11.6)
On voit ainsi, clairement, le lien très fort existant entre les Nations et Souccot, et tout ce qui unit les Nations au peuple juif, dans les différents aspects de ces jours de Fête.
Souccot est appelée « le temps de notre joie ». Et cette fête est caractérisée par l’unité et la joie. Que par nos Services de Dieu respectifs, Bnei Noa’h et Juifs, nous soyons toujours unis dans la joie, et que nous contribuions ensemble au Dévoilement de la Délivrance, pour Israël et pour l’Humanité entière.
Comme nous l’avons dit, dans un autre document, un Ben Noa’h peut être invité par des amis juifs dans leur soucca
(cabane), et se réjouir de la protection et de la provision de Dieu, aussi pour
sa propre vie et pour les siens.