Quelle est la signification de ces
jours ? En quoi concernent-ils les Nations ? Et comment les Bnei
Noa’h peuvent-ils, éventuellement, s’y associer et les marquer ?
Le jeûne du 17 Tamouz est le début de la période des Trois
Semaines de deuil, pour la destruction des deux Temples et de la ville de Jérusalem.
Ce jeûne commémore cinq événements
tragiques qui, selon les Maîtres d’Israël dans la Michna sont survenus à cette
date (Traité Taanit 26) :
1. Moïse brisa les premières Tables de la
Loi, lorsqu’il vit le peuple adorer le Veau d’Or.
2. Le sacrifice quotidien fut interrompu
dans le Temple, pendant le siège de Jérusalem par les Babyloniens,
3. Le général romain Apostamos brûla le
Rouleau de la Torah.
4. Il érigea une statue dans le Temple.
5. Une première brèche fut percée dans
les murailles de Jérusalem, par les Romains, en l’an 69 du calendrier
grégorien, après un long siège. (Et, trois semaines plus tard, le jour du 9 Av,
les Romains détruisirent le Second Temple).
D’après le Talmud de Jérusalem, c’est aussi en ce jour que les Babyloniens
avaient percé la muraille de Jérusalem. Plus tard, ils avaient détruit le
Premier Temple.
Le 9 Av, cinq catastrophes frappèrent le peuple
d’Israël (Traité Taanit 25b) :
1. La deuxième année après la Sortie d'Égypte, dix des Explorateurs envoyés par Moïse, firent un rapport défavorable sur la Terre d’Israël. Il s’ensuivit que tout le peuple se rebella contre Dieu et refusa d’entrer dans le pays qu’Il leur avait promis. Dieu décida que tous les hommes (de vingt ans et au-dessus) mourraient dans le désert, pendant quarante ans d’errance.
2. En l'an 3338, le Premier Temple fut détruit par le roi de Babylone, Nabuchodonosor, et ses armées.
3. En l’an 3828, le Second Temple fut détruit par les Romains.
4. En 3880, les Romains écrasèrent la révolte suscitée par Bar Kokhba et détruisirent la forteresse de Béthar.
5. Jérusalem fut rasée. Son sol, et l’endroit où se dressait le Temple, furent labourés par une charrue tirée par un bœuf.
A la même date survinrent, par la suite, d’autres grands malheurs
pour le peuple juif, notamment : l’expulsion des Juifs d’Angleterre, en
1290, et l’expulsion des Juifs d’Espagne, en 1492.
En quoi ces jours, et ces jeûnes, concernent-ils les Nations ? Rappelons ce que nous avons expliqué, dans le chapitre concernant la Fête de Souccot, quant à l’importance du Temple, pour les Nations :
Durant les jours de Souccot, soixante-dix taureaux étaient offerts, dans le Temple de Jérusalem (Bamidbar, Nombres 29.12-34). Sur le verset 18, Rachi commente que ces taureaux symbolisaient les soixante-dix Nations du monde. Il précise même que ces offrandes « les protégeaient contre les souffrances ».
Déjà, le roi Salomon avait demandé à Dieu d’exaucer
celui qui viendrait prier dans le Temple qu’il avait construit, « l’étranger
qui viendrait de loin pour honorer Ton Nom. Car… ils viendront dans cette
Maison. Toi,… Tu exauceras les vœux que t’adressera l’étranger, afin que tous
les peuples connaissent Ton Nom et qu’ils Te révèrent… » (1 Rois
8.41-42) Et tout étranger pouvait apporter un sacrifice, qui était offert à
Dieu par les cohanim.
Le Temple est
le lieu suprême de la Présence divine. De lui émanait une abondance, tant
matérielle que spirituelle, dont les Nations bénéficiaient, elles aussi. Au
point que Rabbi Yéhochoua ben Levi dit que, « si les
nations du monde venaient à prendre conscience des bienfaits que le Temple leur
octroie, elles le garderaient de sentinelles ».
Certes, le Temple a été
détruit, mais le Troisième Temple sera construit et Dieu promet déjà, par le
prophète Esaïe : « Les fils de l’étranger, qui s’agrègent à l’Eternel… Je les
amènerai sur Ma sainte montagne, Je les comblerai de joie dans Ma Maison de
prières ; leurs holocaustes et autres sacrifices seront les bienvenus sur Mon
autel ; car Ma Maison sera dénommée Maison de prières pour toutes les
nations. » (Esaïe 56.7-8)
Ce sera même un
devoir, pour les Nations, d’y venir, pour la Fête de Souccot, comme le dit le
prophète Zaccharie : « Quiconque aura survécu, parmi tous les peuples qui
seront venus contre Jérusalem, devra s’y rendre chaque année pour se prosterner
devant le Roi, l’Eternel-Cebaot, et pour célébrer la fête de Souccot. »
(Zaccharie 14.16). »
Les Bnei Noa’h n’ont aucune obligation de
marquer ces jours. Mais nous voyons, dans les Textes, les bienfaits, tant
matériels que spirituels, que le Temple de Jérusalem apportait, à l’Humanité
entière et au monde. Nous y lisons, aussi, les Promesses faites par Dieu aux
Nations, pour l’avenir, ainsi que l’obligation qui leur sera faite d’y venir. Il
est normal qu’ils puissent s’associer, à la fois à la désolation de la perte des
deux premiers Temples, et à l’attente du Troisième Temple, bientôt construit.
Lorsqu’ils le font, comme nous l’avons
dit pour le Chabbat et les Fêtes, les Bnei Noa’h n’accomplissent pas un Commandement
qui s’imposerait à eux. De plus, ils n’ont pas les interdictions et obligations
des Juifs : ils ont donc le droit de manger et de boire, de travailler, d’utiliser
l’électricité… Mais ils peuvent restreindre la joie, par exemple en se privant
de quelque chose qu’ils aiment. Nous vous proposons aussi, ci-après, plusieurs
lectures.
Mais il est important de toujours garder
présent à l’esprit la foi et la confiance que Dieu est le Tout-Puissant. C’est
Lui qui dirige l’histoire et tout ce qui arrive. Il connaît le sens de chaque
événement passé. Et Il a déjà annoncé l’avenir, qui sera heureux, tant pour
Israël que pour les Nations :
Zacharie 8.19-23
Ainsi parle l'Eternel-Cebaot : "Le jeûne du
quatrième mois et le jeûne du cinquième, le jeûne du septième et le jeûne du
dixième mois seront changés pour la maison de Juda en joie et en allégresse et
en fêtes solennelles. Mais chérissez la vérité et la paix !"
Ainsi parle l'Eternel-Cebaot : "Il arrivera
encore qu'on verra affluer des peuples, les habitants de nombreuses villes.
Et ces habitants iront les uns vers les autres se
disant : Allons, mettons-nous en route pour rendre hommage à l'Eternel, pour
rechercher l'Eternel-Cebaot ; j'irai moi aussi.
Et ainsi de nombreux peuples et de puissantes
nations viendront rechercher l'Eternel-Cebaot à Jérusalem et rendre hommage à
l'Eternel."
Ainsi parle l'Eternel-Cebaot : "En ces
jours-là, dix hommes de toute langue, de toute nation, saisiront le pan de
l'habit d'un seul individu yehoudi (Juif) en disant : Nous voulons aller avec
vous, car nous avons entendu dire que Dieu est avec vous !"
Nous pouvons donc prier pour
l’accomplissement de ces Promesses de Dieu et pour que nous puissions voir,
très bientôt, ce qui est annoncé dans ces versets.
Vous trouverez, à la fin de ce chapitre,
la totalité de ce texte du prophète Zacharie, afin de vous associer à Israël,
dans l’attente de l’avènement de la Délivrance.
Nous vous proposons, aussi, les Psaumes
74 et 137, ainsi que la lecture des Lamentations (Eikha) et du texte d’Esaïe 55.6 à 58.8 (Haftara des jours de jeûne)
Psaume 74
Maskîl d’Assaph. Pourquoi, ô Dieu, nous délaisses-tu obstinément, ta colère
est-elle embrasée contre le troupeau de ton pacage ?
Souviens-toi de ta communauté, que tu acquis jadis, de ta tribu, ta
propriété, que tu délivras, de ce mont Sion où tu fixas ta résidence !
Dirige tes pas vers ces ruines irréparables : l’ennemi a tout dévasté dans
le sanctuaire.
Tes adversaires ont poussé des rugissements dans l’enceinte de ton lieu de
rendez-vous ; [là], ils ont imposé leurs emblèmes comme emblèmes.
Ils y ont paru comme des gens qui brandissent la hache en plein fourré ;
Et puis, à coups de marteaux et de cognées, ils en ont abattu toutes les
sculptures à la fois.
Ils ont livré aux flammes ton sanctuaire, jeté à bas et profané la
résidence de ton nom.
Ils ont dit en leur cœur : "Nous allons les dompter tous !" Ils
ont brûlé tous les centres consacrés à Dieu dans le pays.
Nous ne voyons plus nos emblèmes à nous ; plus de prophètes ! plus personne
avec nous, qui sache combien de temps [cela durera] !
Jusqu’à quand, ô Dieu, l’adversaire blasphémera-t-il, l’ennemi
insultera-t-il sans relâche à ton nom ?
Pourquoi tiens-tu ta main à l’écart ? Retire ta droite de ton sein ! réduis
[-les] à néant !
Dieu est pourtant mon Roi depuis les temps antiques ; il a accompli des
œuvres de salut sur la terre.
C’est toi qui, par ta force, as fendu la mer, brisé la tête des monstres
marins à la surface des eaux ;
C’est toi qui as fracassé la tête du Léviathan, pour le donner comme pâture
aux fauves du désert ;
C’est toi qui as fait jaillir sources et torrents, mis à sec des fleuves
puissants ;
A toi appartient le jour, à toi aussi la nuit, c’est toi qui as créé
l’astre lumineux, le soleil.
C’est toi qui as fixé toutes les limites de la terre, été et hiver sont ta
création.
N’aie garde de l’oublier : l’ennemi blasphème, ô Eternel, un peuple
méprisable insulte à ton nom.
Ne livre pas aux bêtes la vie de ta tourterelle, n’oublie pas à jamais
l’existence de tes pauvres.
Tiens compte de l’alliance ; car toutes les retraites cachées du pays sont
devenues des repaires de violence.
Que l’opprimé ne soit pas acculé à la honte, que le pauvre et le
nécessiteux puissent célébrer ton nom !
Lève-toi, ô Dieu, défends ta cause, rappelle-toi les insultes qui, sans
cesse, te viennent de gens indignes.
N’oublie pas les clameurs de tes adversaires, le tumulte toujours croissant
de tes agresseurs.
Psaume 137
Sur les rives des fleuves de Babylone, là nous nous assîmes, et nous
pleurâmes au souvenir de Sion.
Aux saules qui les bordent, nous suspendîmes nos harpes ;
Car là nos maîtres nous demandaient des hymnes, nos oppresseurs des chants
de joie. "Chantez-nous [disaient-ils], un des cantiques de Sion !"
Comment chanterions-nous l’hymne de l’Eternel en terre étrangère ?
Si je t’oublie, Jérusalem, que ma droite me refuse son service !
Que ma langue s’attache à mon palais, si je ne me souviens toujours de toi,
si je ne place Jérusalem au sommet de toutes mes joies !
Souviens-toi, Seigneur, pour la perte des fils d’Edom, du jour [fatal] de
Jérusalem, où ils disaient : "Démolissez-la, démolissez-la, jusqu’en ses
fondements !"
Fille de Babel, vouée à la ruine, heureux qui te rendra le mal que tu nous
as fait !
Heureux qui saisira tes petits et les brisera contre le rocher !
Eikha, Livre des Lamentations (lecture du 9 Av)
Chapitre 1
Hélas ! Comme elle est assise solitaire, la cité naguère si populeuse !
Elle, si puissante parmi les peuples, ressemble à une veuve ; elle qui était
une souveraine parmi les provinces a été rendue tributaire !
Elle pleure amèrement dans la nuit, les larmes inondent ses joues ;
personne ne la console de tous ceux qui l'aimaient ; tous ses amis l'ont
trahie, se sont changés pour elle en ennemis.
Juda est allé en exil, accablé par la misère et une dure servitude ; il
demeure parmi les nations, sans trouver de repos. Ses persécuteurs, tous
ensemble, l'ont atteint dans les étroits défilés.
Les routes de Sion sont en deuil, personne ne se rendant à ses solennités ;
toutes ses portes sont en ruines, ses prêtres gémissent, ses vierges sont en
proie à la douleur, et elle-même est abreuvée d'amertume.
Ses adversaires ont pris le dessus, ses ennemis vivent en sécurité, car
l'Eternel l'a frappée pour ses nombreux péchés ; ses jeunes enfants s'en vont
captifs, poussés par le vainqueur.
La fille de Sion a vu partir toute sa splendeur ; ses princes, tels des
cerfs qui ne trouvent pas de pâturage, s'avancent à bout de forces devant qui
les pourchasse.
Aux jours de misère et de souffrance, Jérusalem se souvient de tous les
biens qu'elle possédait dans les temps passés. Quand son peuple tomba entre les
mains du vainqueur et que personne ne vint la secourir, les ennemis, en la
voyant, se sont divertis de ses ruines.
Jérusalem a gravement prévariqué, aussi est-elle devenue un objet de
répulsion ; tous ceux qui l'honoraient la bafouent, car ils ont vu sa nudité.
Elle-même soupire et détourne la face.
Sa souillure est attachée aux pans de sa robe : elle ne songeait pas à
l'avenir ! Elle est donc tombée d'une manière prodigieuse, et personne ne la
console. Vois, ô Eternel, ma misère, car l'ennemi est triomphant.
Le vainqueur a fait main basse sur tous ses trésors ; elle a vu des peuples
pénétrer dans ton sanctuaire, des peuples que tu avais défendu d'admettre dans
ton assemblée.
Tous ses habitants gémissent, demandent du pain : ils échangent leurs biens
les plus chers, contre des aliments, pour ranimer leur vie. Vois, ô Eternel, et
regarde comme je suis devenue misérable !
N'est-ce pas à vous que je m'adresse, O vous tous qui passez par-là ?
Regardez et voyez s'il est une douleur comparable à ma douleur à moi, dont
l'Eternel m'a affligée au jour de son ardente colère.
Des hauteurs il a lancé dans mes membres un feu qui les ravage ; il a tendu
un filet sous mes pas ; il m'a ramenée violemment en arrière ; il a fait de moi
une ruine, un être souffrant sans trêve.
Le joug de mes péchés a été attaché par ses propres mains ; noués l'un à
l'autre, ils pèsent sur ma nuque et paralysent mes forces : le Seigneur m'a
livrée entre des mains contre lesquelles je ne puis me défendre.
Tous mes vaillants combattants, le Seigneur les a broyés dans mon enceinte
; il a convoqué une assemblée pour briser mes jeunes guerriers. Le Seigneur a
foulé un pressoir à la vierge, fille de Juda.
Voilà pourquoi je pleure ; mes yeux, mes yeux ruissellent de larmes ; car
autour de moi il n'est personne pour me consoler, pour relever mon courage. Mes
fils sont dans la désolation, car l'ennemi l'a emporté.
Sion tend les mains : personne ne la console. L'Eternel a convoqué contre
Jacob ses ennemis à la ronde ; Jérusalem est devenue un objet de dégoût parmi
eux.
Juste est l'Eternel, car je fus rebelle à ses ordres. Ecoutez donc, vous
tous, ô peuples, et voyez ma douleur ! Mes vierges et mes jeunes gens sont
allés en captivité.
J'ai appelé ceux qui m'aimaient : ce sont eux qui m'ont leurrée ! Mes
prêtres et mes vieillards ont expiré dans la ville, car vainement ils
demandaient de la nourriture pour ranimer leur vie.
Vois, ô Eternel, quelle est ma détresse ; mes entrailles brûlent, mon cœur
est bouleversé en mon sein, car profonde fut ma rébellion. Au dehors sévit le
glaive, comme la peste au dedans.
On entend que je gémis : nul ne songe à me consoler ; tous mes ennemis, en
apprenant mon malheur, sont dans la joie, parce que, toi, tu en es l'auteur.
Puisses-tu amener le jour que tu as annoncé, pour qu'ils soient comme moi !
Que toute leur méchanceté apparaisse devant toi ! Traite-les comme tu m'as
traitée à cause de tous mes péchés ! Car violents sont mes gémissements, et mon
cœur est endolori.
Chapitre 2
Hélas ! Comme le Seigneur, dans sa colère, assombrit la fille de Sion !
Comme il a précipité du ciel jusqu'à terre la gloire d'Israël, sans songer à
l'escabeau de ses pieds au jour de son courroux !
Le Seigneur a bouleversé sans pitié toutes les habitations de Jacob ; il a
démoli, dans son indignation, les forteresses de la fille de Juda, en les
rasant jusqu'au sol ; il a rejeté royauté et dignitaires.
Il a abattu, dans le feu de sa colère, toute grandeur en Israël ; il a fait
reculer sa droite devant l'ennemi et allumé dans Jacob un feu flamboyant,
dévorant tout à la ronde.
Il a bandé son arc comme un ennemi, brandi sa droite comme un adversaire ;
il a fait périr tous ceux qui étaient un délice pour les yeux ; dans la tente
de la fille de Sion il a déversé comme un feu son courroux.
Le Seigneur s'est comporté comme un ennemi, il a bouleversé Israël, il a
bouleversé tous ses palais, détruit ses forteresses ; il a multiplié chez la
fille de Juda plaintes et lamentations.
II a dévasté son pavillon comme on fait d'un jardin, ruiné son lieu de
rendez-vous ; l'Eternel a fait tomber dans l'oubli fêtes et sabbat et rejeté,
dans sa furieuse colère, roi et prêtre.
Le Seigneur a délaissé son autel, dégradé son sanctuaire ; il a livré aux
mains de l'ennemi les remparts de ses châteaux-forts. On a poussé des cris dans
la maison de l'Eternel comme en un jour de fête.
L'Eternel avait résolu de détruire le mur de la fille de Sion : il a tendu
le cordeau et n'a pas détourné sa main de l'œuvre de ruine ; il a mis en deuil
murs et remparts : ensemble ils sont dans la désolation.
Les portes de Sion se sont enfoncées dans le sol ; il en a détruit ;
fracassé les verrous ; son roi et ses princes vivent au milieu des nations,
sevrés de la Loi ; ses prophètes non plus n'obtiennent de visions de la part de
l'Eternel.
Ils sont assis à terre, frappés de stupeur, les vieillards de la fille de
Sion ; ils ont répandu de la poussière sur leur tête, revêtu des cilices ; les
vierges de Jérusalem penchent leur front vers le sol.
Mes yeux se consument dans les larmes, mes entrailles sont brûlantes, mon
cœur se fond en moi à cause du désastre de la fille de mon peuple, car enfants
et nourrissons sont tombés en défaillance sur les places de la cité.
Ils disaient à leurs mères : "Où trouver du blé et du vin ?" Et
ils languissaient comme des blessés à mort dans les rues de la ville, exhalant
leur dernier souffle sur le sein de leurs mères.
Qui te citerai-je comme exemple ? Qui te comparerai-je, ô fille de
Jérusalem ? Qui mettrai-je en parallèle avec toi pour te consoler, vierge,
fille de Sion ? Car ton désastre est grand comme la mer : qui pourrait te
guérir ?
Tes prophètes t'ont communiqué des visions trompeuses et insipides, ils
n'ont pas mis en lumière tes crimes, en vue de défourner ta ruine ; ils ont
inventé pour toi des oracles de mensonge et de déception.
Tous les passants battent des mains à ton sujet ; ils ricanent, hochent la
tête sur la fille de Jérusalem : "Est-ce là disent-ils la ville qu'on
appelait un centre de beauté, les délices de toute la terre ?"
A ton aspect, ils ont la bouche béante, tous tes ennemis ; ils sifflent,
grincent des dents et disent : "Nous avons consommé la ruine ! Ah ! Ce
jour que nous espérions, nous l'avons atteint, nous le tenons !"
L'Eternel a fait ce qu'il avait résolu ; il a accompli son arrêt qu'il
avait rendu dès les temps antiques ; il a démoli sans ménagement ; il a excité
à ton sujet la joie de l'ennemi, grandi la puissance de tes adversaires.
Que leur cœur crie vers le Seigneur ! O rempart de la fille de Sion, fais
couler tes larmes comme un torrent jour et nuit ! Ne t'accorde aucun répit !
Que ta pupille ne s'arrête pas de pleurer !
Lève-toi, pousse des sanglots la nuit, au commencement des veilles. Répands
ton cœur comme de l'eau à la face du Seigneur ; élève tes bras vers lui en
faveur de la vie de tes jeunes enfants, qui gisent défaillants de faim à
l'entrée de toutes les rues.
Vois, ô Eternel, et regarde qui tu as traité de la sorte ! Se peut-il que
des femmes dévorent le fruit de leurs entrailles, leurs jeunes enfants, objet
de leurs tendres soins ? Que dans le sanctuaire du Seigneur soient massacrés
prêtres et prophètes ?
Ils sont étendus sur le sol des rues, le jeune homme et le vieillard, mes
vierges et mes adolescents sont tombés sous le glaive. Tu as fait tout périr au
jour de ta colère, égorgé sans pitié.
Comme pour un jour de fête, tu as convoqué mes épouvantes tout à la ronde ;
au jour de la colère de l'Eternel, nul n'a échappé, nul n'est demeuré sain et
sauf. Les enfants que j'avais soignés et élevés, l'ennemi les a anéantis !
Chapitre 3
Je suis l'homme qui a connu la misère sous la verge de son courroux.
C'est moi qu'il a poussé et fait marcher dans des ténèbres que ne traverse
aucune lueur.
Oui, contre moi il revient à la charge et tourne sa main tout le temps.
Il a consumé ma chair et ma peau, brisé mes os.
Il a bâti une clôture autour de moi et m'a enveloppé de venin et de
tribulations.
Il m'a relégué dans des régions ténébreuses comme les morts, endormis pour
toujours.
Il m'a entouré d'un mur que je ne puis franchir, chargé de lourdes chaînes.
En vain je crie et appelle au secours, il ferme tout accès à ma prière.
Il barre mes routes avec des pierres de taille, il bouleverse mes sentiers.
Il est pour moi un ours aux aguets, un lion en embuscade.
Il a rendu impraticables mes voies et m'a déchiré ; il a fait de moi une
ruine.
Il a bandé son arc et m'a dressé comme une cible à ses traits.
Il fait pénétrer dans mes reins les enfants de son carquois.
Je suis devenu la risée de tous les peuples, un thème de leurs chansons
incessantes.
Il m'a rassasié d'herbes amères, abreuvé d'absinthe.
Il a broyé mes dents avec du gravier, il m'a roulé dans la cendre.
Mon âme a dit adieu à la paix, j'ai perdu jusqu'au souvenir du bonheur,
et j'ai dit: "C'en est fait de mon avenir et de ce que je pouvais
espérer de l'Eternel."
Rappelle-toi ma misère et mon abandon : je ne connais que poison et
absinthe.
En évoquant ces souvenirs, mon âme s'affaisse en moi.
Mais voici la pensée qui s'éveille en moi, et c'est pourquoi j'espère.
C'est que les bontés de l'Eternel ne sont pas taries et que sa miséricorde
n'est pas épuisée.
Elles se renouvellent chaque matin, infinie est ta bienveillance.
"L'Eternel est mon lot, dit mon âme, aussi espéré-je en lui."
L'Eternel est bon pour ceux qui mettent leur confiance en lui, pour l'âme
qui le recherche.
C'est une bonne chose d'attendre en silence le secours de l'Eternel ;
Une bonne chose aussi pour l'homme de porter le joug dès sa jeunesse ;
De s'asseoir solitaire en se résignant silencieusement, lorsque Dieu le lui
impose.
Qu'il incline sa bouche vers la poussière : peut-être est-il quelque
espoir.
Qu'il présente la joue à celui qui le frappe et se rassasie d'humiliation,
car le Seigneur ne délaisse pas à tout jamais;
mais quand il a frappé, il exerce sa pitié selon l'étendue de sa bonté.
Car ce n'est pas de bon cœur qu'il moleste et afflige les fils de l'homme.
Lorsqu'on foule aux pieds tous les captifs du pays,
lorsqu'on fait fléchir le droit d'un homme à la face du Très-Haut,
lorsqu'on fait tort à un homme dans sa juste cause, le Seigneur ne peut
l'approuver.
A qui donc suffit-il d'ordonner pour qu'une chose soit, si le Seigneur n'en
a décidé ainsi ?
N'est-ce pas de la bouche de l'Eternel qu'émanent les maux et les biens ?
Pourquoi donc se plaindrait l'homme sa vie durant, l'homme chargé de péchés
?
Examinons nos voies, scrutons-les et retournons à l'Eternel !
Elevons nos cœurs avec nos mains vers Dieu qui est au ciel !
Nous, nous avons failli et désobéi : toi, tu n'as point pardonné.
Tu t'es enveloppé de colère et tu nous as persécutés ; tu as tué sans
ménagement.
Tu t'es entouré de nuages, pour empêcher les prières de passer.
Tu as fait de nous une balayure, un objet de dégoût au milieu des nations
Tous nos ennemis ont ouvert la bouche contre nous.
Notre partage, ce furent la terreur et le piège, la ruine et le désastre.
Mes yeux se répandent en torrents de larmes à cause de la catastrophe de
mon peuple.
Mes yeux se fondent en eau sans s'arrêter, car il n'est point de répit au
mal,
jusqu'à ce que l'Eternel regarde et voie du haut du ciel.
Le spectacle qui s'offre à mes regards accable mon âme à cause de toutes
les filles de ma ville.
Ils m'ont pourchassé comme un passereau, ceux qui me haïssent sans motif.
Ils ont confiné ma vie dans la fosse et jeté des pierres sur moi.
Les eaux ont monté par-dessus ma tête, et j'ai dit : "Je suis perdu
!"
Mais j'ai invoqué ton nom des profondeurs de la fosse.
Tu as entendu mon appel : "Ne ferme pas ton oreille alors que je
supplie pour ma délivrance."
Tu es venu près de moi le jour où je t'ai invoqué, tu as dit : "Sois
sans crainte !"
Tu as pris en mains les causes qui me touchent, tu sauves ma vie.
Tu as vu, Eternel, le tort qu'on m'a fait : défends mon droit !
Tu as été témoin de leurs représailles, de tous leurs complots contre moi.
Tu as entendu, Eternel, 'leurs outrages, toutes leurs machinations contre
moi.
Les lèvres de mes adversaires et leurs pensées sont dirigées contre ma
personne.
Regarde leurs faits et gestes : je suis l'objet de leurs chants moqueurs.
Puisses-tu leur rendre la pareille, ô Eternel, les traiter selon l'oeuvre
de leurs mains !
Inflige-leur l'angoisse du cœur : ta malédiction vienne sur eux !
Poursuis-les de ton courroux et anéantis-les de dessous la voûte de tes
cieux.
Chapitre 4
Hélas. Comme l'or est terni, et altéré le métal précieux ! Comme les
pierres sacrées se trouvent éparpillées à tous les coins de rue !
Les fils de Sion, si prisés, qui valaient leur pesant d'or fin, hélas ! Les
voilà estimés à l'égal de vases de terre, œuvre des mains du potier !
Même les chacals présentent leurs mamelles et allaitent leurs petits : la
fille de mon peuple est devenue, elle, cruelle comme l'autruche au désert.
La langue du nourrisson, altéré de soif, s'attache à son palais ; les
petits enfants demandent du pain : personne ne leur en offre.
Ceux qui se nourrissaient de mets exquis se meurent dans les rues ; ceux
qu'on couvrait d'étoffes de pourpre se nichent dans des tas de fumier.
Le châtiment de la fille de mon peuple a été plus grand que la punition de
Sodome, frappée d'une destruction instantanée, à laquelle des mains humaines
n'ont pas coopéré.
Ses princes étaient plus brillants que la neige, plus blancs que le lait ;
leur corps avait la teinte vermeille du corail, leurs contours d'éclat du
saphir.
Et leur figure est devenue plus noire que la suie : on ne les reconnaît pas
dans les rues. Leur peau est collée à leurs os, desséchée comme du bois.
Plus heureuses les victimes du glaive que les victimes de la faim, qui
s'étiolèrent, débilitées par le manque de tout produit des champs !
De leurs propres mains, de tendres femmes ont fait cuire leurs enfants,
pour s'en nourrir : dans le désastre de la fille de mon peuple.
L'Eternel a lâché tout son courroux, id a répandu le feu de sa colère ; il
a allumé un incendie dans Sion, qui en a dévoré jusqu'aux fondements.
Ils ne pouvaient croire, les rois de la terre, les habitants du globe,
qu'un ennemi victorieux franchirait jamais les portes de Jérusalem !
A cause des péchés de ses prophètes, des crimes de ses prêtres, qui versèrent
dans son enceinte le sang des innocents,
ils titubaient comme des aveugles dans les rues, tellement souillés de sang
qu'on ne pouvait toucher à leurs vêtements:
"Hors d'ici, impurs que vous êtes ! leur criait-on ; hors d'ici, hors
d'ici ! Ne touchez rien !" C'est ainsi qu'ils se sont dispersés, errant çà
et là, tandis que l'on disait parmi les peuples : "Il ne faut pas qu'ils
restent plus longtemps !"
La colère de l'Eternel les a disséminés, il ne veut plus leur accorder un
regard : on n'a pas respecté les prêtres, ni montré des égards aux vieillards.
Nos yeux n'avaient cessé de se consumer dans le vain espoir d'un secours ;
dans notre folle confiance, nous mettions notre attente en un peuple impuissant
à secourir.
On s'est jeté sur nos talons, nous fermant l'accès de nos propres rues :
notre fin s'approchait, nos jours étaient consommés. Ah ! Elle est venue, notre
fin !
Plus légers que les aigles dans les airs étaient nos persécuteurs ; ils
nous ont pourchassés sur les montagnes, guettés dans le désert.
Celui qui était pour nous un principe de vie, l'oint de l'Eternel, a été
pris dans leurs chausse-trapes, lui dont nous disions : "A son ombre, nous
vivrons au milieu des peuples !"
Sois donc gaie et joyeuse, fille d'Edom, habitante du pays d'Ouç ! A toi
aussi sera présenté le calice : tu tomberas en ivresse et tu te mettras à nu !
Fille de Sion, tes fautes sont expiées : Il ne t'enverra plus en exil !
Fille d'Edom, il va châtier tes fautes, faire éclater au grand jour tes crimes
!
Chapitre 5
Souviens-toi, ô Eternel, de ce qui nous est advenu ; regarde et vois notre
opprobre !
Notre héritage a passé à des étrangers, nos maisons à des gentils.
Nous sommes devenus des orphelins, privés de père ; nos mères sont
pareilles à des veuves.
Notre eau, nous ne pouvons 'la boire qu'à prix d'argent ; notre bois, nous
n'en disposons qu'en l'achetant.
On nous poursuit l'épée dans les reins ; nous sommes à bout de forces :
point de répit pour nous !
En Egypte nous avons tendu la main, et à Achour, pour avoir du pain en
suffisance.
Nos pères avaient péché : ils ne sont plus, et nous portons le poids de
leurs fautes.
Des esclaves ont pris le dessus sur nous : personne ne nous soustrait à
leur pouvoir.
Au péril de notre vie nous nous procurons nos vivres, le glaive sévissant
au désert.
Notre peau est brûlante comme un four, par suite de la fièvre desséchante
de la faim
On a violenté des femmes dans Sion, des vierges dans les villes de Juda.
Des princes ont été pendus par leurs mains ; on n'a témoigné nul égard pour
la personne des vieillards.
Les adolescents ont dû porter la meule, les jeunes gens ont trébuché, sous
le faix des bûches.
Les vieillards ont cessé de paraître à la Porte, les jeunes gens d'entonner
leurs chansons.
Toute joie est bannie de notre cœur ; nos danses joyeuses sont changées en
deuil.
Elle est tombée, la couronne de notre tête ; malheur à nous, parce que nous
avons péché !
Ce qui nous déchire le cœur, ce qui obscurcit nos yeux
c'est de voir le mont Sion en ruines, foulé par les renards.
Toi, ô Eternel, qui sièges immuable, dont le trône subsiste d'âge en âge,
pourquoi nous oublies-tu si obstinément, nous délaisses-tu de si longs
jours?
Ramène-nous vers toi, ô Eternel, nous voulons te revenir ; renouvelle pour
nous les jours d'autrefois.
Se peut-il que tu nous aies complètement rejetés et que tu nourrisses
contre nous une colère inexorable ? Ramène-nous vers toi, ô Eternel, nous
voulons te revenir ; renouvelle pour nous les jours d'autrefois.
Esaïe 55.6 à 58.8 (Haftara des jours de
jeûne)
55.6 et suivants
Cherchez le
Seigneur pendant qu'il est accessible ! Appelez-le tandis qu'il est proche !
Que le pervers
abandonne sa voie, et l'impie ses machinations, qu'il revienne à l'Eternel, il
aura pitié de lui, à notre Dieu, car il prodigue son pardon !
Car vos pensées ne
sont pas mes pensées, ni vos voies ne sont mes voies, dit l'Eternel.
Mais autant les
cieux sont élevés au-dessus de la terre, autant mes voies sont au-dessus de vos
voies, et mes pensées de vos pensées.
Oui, comme la neige
et la pluie, une fois descendues du ciel, n'y retournent pas avant d'avoir
humecté la terre, de l'avoir fécondée et fait produire, d'avoir assuré la
semence au semeur et le pain au consommateur,
telle est ma
parole: une fois sortie de ma bouche, elle ne me revient pas à vide, sans avoir
accompli mon vouloir et mené à bonne fin la mission que je lui ai confiée.
Aussi, avec joie,
vous vous mettrez en marche, reconduits par un cortège pacifique ; devant vous,
montagnes et collines éclateront en cris d'allégresse, et tous les arbres des
champs battront des mains.
Où croissaient les
broussailles croîtra le cyprès, et à la place de l'ortie, le myrte s'élèvera ;
et ce sera pour l'Eternel un titre de gloire, un monument éternel et
impérissable.
Chapitre 56
Ainsi parle
l'Eternel : "Observez la justice et faites le bien ; car mon secours est
près de venir et mon salut de se manifester.
Heureux l'homme qui
fait cela, et le fils d'Adam qui s'y tient fortement ! Heureux qui respecte le
Sabbat et ne le profane point, et qui garde sa main de toute action mauvaise !
Et qu'il ne dise
pas, le fils de l'étranger qui s'est rallié à l'Eternel : "Certes, le
Seigneur m'exclura de son peuple !" Et qu'il ne dise pas, l'eunuque :
"Hélas ! Je ne suis qu'un arbre desséché !"
Car ainsi s'exprime
l'Eternel : "Aux eunuques qui observent mes sabbats, qui se complaisent à
ce que j'aime, qui s'attachent à mon alliance,
à eux,
j'accorderai, dans ma maison et dans mes murs, un monument, un titre qui vaudra
mieux que des fils et des filles; je leur accorderai un nom éternel, qui ne
périra point.
Et les fils de
l'étranger, qui s'agrègent à l'Eternel, se vouant à son culte, aimant son nom
et devenant pour lui des serviteurs ; tous ceux qui observent le sabbat et ne
le profanent point, qui persévèrent dans mon alliance,
je les amènerai sur
ma sainte montagne, je les comblerai de joie dans ma maison de prières, leurs
holocaustes et autres sacrifices seront les bienvenus sur mon autel; car ma
maison sera dénommée Maison des prières pour toutes les nations."
Parole du Seigneur,
de l'Eternel, qui rassemble les dispersés d'Israël : "II en est d'autres
que je recueillerai en même temps que seront recueillis les siens."
Vous tous, animaux
des champs, arrivez ! Bêtes de la forêt, accourez toutes, pour vous repaître !
Ses gardiens sont
tous aveugles et ne remarquent rien ; tous ils sont comme des chiens muets, qui
ne savent aboyer ; ils rêvent, restent couchés, aiment le sommeil.
Et ces chiens
effrontés de leur nature, sont insatiables ; et eux-mêmes, les bergers, ne
savent rien comprendre. Tous ils suivent leur propre voie, chacun, de son côté,
poursuivant son intérêt.
"Arrivez, je
vais chercher du vin, et nous nous gorgerons de liqueurs fortes et ainsi
ferons-nous encore demain. Combien grand sera le régal !"
Chapitre 57
Le juste périt et
personne ne le prend à cœur, les hommes de bien sont enlevés, et nul ne s'avise
que c'est à cause de la perversité [régnante] que le juste disparaît.
Il entre dans la
paix, repose sur sa couche, celui qui suit son droit chemin.
Mais vous,
approchez-vous d'ici, enfants de la magicienne, race issue d'un père adultère
et d'une mère prostituée !
Contre qui
dirigez-vous vos railleries ? Contre qui ouvrez-vous une large bouche et
tirez-vous la langue ? Vous êtes bien les enfants du péché, une lignée de
mensonge.
Vous vous enflammez
dans les bocages, sous chaque arbre verdoyant ; vous égorgez les enfants dans
les ravins, sous les pointes des rochers !
Tu fixes ton choix
sur les pierres polies du torrent : voilà, voilà ton lot ! Même à elles tu
verses des libations, tu apportes des offrandes : se peut-il que j'en prenne
mon parti ?
Sur des montagnes
hautes et altières, tu établis ta couche ; là aussi tu grimpes pour faire des
sacrifices.
Derrière le battant
et le poteau de la porte, tu places l'objet de ton culte ; t'éloignant de moi,
tu découvres ta couche, tu la places haut et tu l'élargis. Il en est avec qui
tu pactises, tu aimes leur commerce, tu saisis toutes les occasions favorables.
Tu te présentes au
roi avec des présents d'huile, tu prodigues tes parfums, tu envoies tes
messagers au loin, tu les fais descendre jusqu'au Cheol.
À force de faire du
chemin, tu es devenue lasse ; tu ne dis pas : "C'en est trop ! "
Tu as retrouvé la vigueur de ton bras, c'est pourquoi tu n'as pas connu de
défaillance.
Mais qui donc
crains-tu, qui redoutes-tu pour commettre cette trahison, pour perdre mon
souvenir et le chasser de ton cœur ? N'est-ce pas, je gardais le silence, et
depuis trop longtemps ? C'est pourquoi tu ne me crains pas !
Je vais proclamer
tes mérites, et tes œuvres ne te porteront pas bonheur.
Lorsque tu feras
entendre tes cris, qu'ils te sauvent, ceux que tu as groupés autour de toi !
Mais non, tous tant qu'ils sont, le vent les emporte, un souffle les enlève. Au
contraire, celui qui se met sous mon abri sera maître du pays et possédera ma
sainte montagne.
Et l'on dira :
"Nivelez, nivelez, déblayez la route ! Enlevez tout obstacle de la voie de
mon peuple !"
Car ainsi parle le
Dieu très haut et suprême, Celui qui habite l'Eternité et qui a nom le Saint :
"Sublime et saint est mon trône ! Mais il est aussi dans les cœurs
contrits et humbles, pour vivifier l'esprit des humbles, pour ranimer le cœur
des affligés.
Non ; je ne veux
pas disputer sans trêve, être toujours en colère, car l'esprit finirait par
s'éteindre devant moi, avec ces âmes que moi-même j'ai créées.
C'est contre sa
criminelle cupidité que je me suis irrité ; j'ai sévi contre lui en dérobant ma
face, en n'écoutant que ma colère, alors que, rebelle, il suivait les caprices
de son cœur.
J'ai observé ses
voies et je veux le guérir, le guider, lui dispenser la consolation, à lui et à
ceux qui sont en deuil à son sujet.
Celui qui crée [la
parole], fruit des lèvres : "Paix, paix, dit-il, pour qui s'est éloigné
comme pour le plus proche ! Je le guérirai," ainsi parle l'Eternel.
Mais les pervers
sont comme une mer houleuse, qui ne peut s'apaiser et dont les eaux
bouillonnent de limon et de fange.
Point de paix, dit
mon Dieu, pour les méchants !
Chapitre 58
Crie à plein
gosier, ne te ménage point ! Comme le cor fais retentir ta voix ! Et expose à
mon peuple son iniquité, à la maison de Jacob ses péchés.
Jour par jour ils
s'adressent à moi et manifestent le désir de connaître mes voies ; à la façon
d'un peuple pratiquant la justice, qui n'aurait jamais trahi la loi de son
Dieu, ils me demandent des règles de justice, ils sollicitent la présence de
Dieu.
"Pourquoi
jeûnons-nous, sans que tu t'en aperçoives ? Mortifions-nous notre personne,
sans que tu le remarques ? " C'est qu'au jour de votre jeûne, vous
poursuivez vos intérêts et tyrannisez vos débiteurs.
Oui, vous jeûnez
pour fomenter querelles et dissensions, pour frapper d'un poing brutal ; vous
ne jeûnez point à l'heure présente pour que votre voix soit entendue là-haut.
Est-ce là un jeûne
qui peut m'être agréable, un jour où l'homme se mortifie lui-même ? Courber la
tête comme un roseau, se coucher sur le cilice et la cendre, est-ce là ce que
tu appelles un jeûne, un jour bienvenu de l'Eternel ?
Mais voici le jeûne
que j'aime : c'est de rompre les chaînes de l'injustice, de dénouer les liens
de tous les jougs, de renvoyer libres ceux qu'on opprime, de briser enfin toute
servitude ;
Puis encore, de
partager ton pain avec l'affamé, de recueillir dans ta maison les malheureux
sans asile ; quand tu vois un homme nu, de le couvrir, de ne jamais te dérober
à ceux qui sont comme ta propre chair !
C'est alors que ta
lumière poindra comme l'aube, que ta guérison sera prompte à éclore ; ta vertu
marchera devant toi, et derrière toi la majesté de l'Eternel fermera la marche.
Zacharie chapitre 8
La parole de l'Eternel-Cebaot me fut adressée en ces termes :
"Ainsi parle l'Eternel-Cebaot : Je suis enflammé pour Sion d'un zèle
ardent, et pour elle je brûle d'une grande colère."
Ainsi parla l'Eternel : "Je suis revenu à Sion, et j'ai rétabli ma
demeure au milieu de Jérusalem. Jérusalem s'appellera [maintenant] "la
ville de fidélité" et la montagne de l'Eternel-Cebaot "la montagne
sainte."
Ainsi parle l'Eternel-Cebaot : "De nouveau des vieux et des vieilles
seront assis sur les places de Jérusalem, tous un bâton à la main à cause de
leur grand âge.
Et les places de la cité seront pleines de jeunes garçons et de jeunes
filles qui s'ébattront sur ces pla ces."
Ainsi parle l'Eternel-Cebaot : "De ce que la chose paraîtra
extraordinaire aux yeux des survivants de ce peuple en ces jours-là, cela
devra-t-il me sembler extraordinaire à moi aussi ? dit l'Eternel-Cebaot."
Ainsi parle l'Eternel-Cebaot : "Oui, certes je vais, par mon secours,
retirer mon peuple de l'Orient et du pays du soleil couchant.
Et je les ramènerai pour qu'ils habitent dans Jérusalem ; ils seront mon
peuple, et moi, je serai leur Dieu en vérité et en justice."
Ainsi parle l'Eternel-Cebaot: "Que vos mains s'affermissent, vous qui
en ces temps avez ouï ces paroles sorties de la bouche des prophètes, qui
parurent au jour où fut fondée la maison de l'Eternel-Cebaot, où le temple commença
à être reconstruit.
Car avant ce temps, il n'y avait point de salaire pour l'homme, point de
salaire pour la bête ; pour les allants et venants il n'était point de sécurité
contre l'ennemi, et je lançais tous les hommes les uns contre les autres.
Mais à présent je ne suis plus comme par le passé à l'égard des survivants
de ce peuple, dit l'Eternel-Cebaot.
Il y aura comme des semailles de paix : la vigne portera son fruit et la
terre donnera son produit, le ciel répandra sa rosée, et à ceux qui restent du
peuple je donnerai en partage tous ces biens.
Et de même que vous aurez été un objet de malédiction parmi les peuples, ô
maison de Juda et maison d'Israël, ainsi assurerai-je votre salut, et vous
serez une bénédiction. Ne craignez point, que vos mains se raffermissent
!"
Oui, ainsi parle l'Eternel-Cebaot : "Comme j'avais résolu de vous
nuire lorsque vos pères m'irritaient, dit l'Eternel-Cebaot, et que je n'en
avais point de regret,
Ainsi, en revanche, j'ai résolu en ces jours de combler de bienfaits Jérusalem
et la maison de Juda : ne craignez point
Voici ce que vous devrez faire : Parlez loyalement l'un à l'autre, rendez
des sentences de vérité et de paix dans vos portes !
Ne méditez dans votre cœur aucune méchanceté l'un contre l'autre, n'aimez
pas le faux serment, car toutes ces choses, je les hais, dit l'Eternel."
La parole de l'Eternel me fut adressée en ces termes :
"Ainsi parle l'Eternel-Cebaot : Le jeûne du quatrième mois et le jeûne
du cinquième, le jeûne du septième et le jeûne du dixième mois seront changés
pour la maison de Juda en joie et en allégresse et en fêtes solennelles. Mais
chérissez la vérité et la paix !"
Ainsi parle l'Eternel-Cebaot : "Il arrivera encore qu'on verra affluer
des peuples, les habitants de nombreuses villes.
Et ces habitants iront les uns vers les autres se disant : Allons,
mettons-nous en route pour rendre hommage à l'Eternel, pour rechercher
l'Eternel-Cebaot ; j'irai moi aussi.
Et ainsi de nombreux peuples et de puissantes nations viendront rechercher
l'Eternel-Cebaot à Jérusalem et rendre hommage à l'Eternel."
Ainsi parle l'Eternel-Cebaot : "En ces jours-là, dix hommes de toute
langue, de toute nation, saisiront le pan de l'habit d'un seul individu yehoudi
(Juif) en disant : Nous voulons aller avec vous, car nous avons entendu dire
que Dieu est avec vous !"