Qu’est-ce que le « Compte du
Omer » et quelle est sa signification ? Mais, d’abord, qu’est-ce que
le omer ?
Le omer est une unité de mesure définie
dans la Torah (Chemot, Exode 16.36) comme « un dixième d’epha »
(équivalent à environ 4 kilogrammes).
L’offrande du Omer était une offrande
spéciale qui devait être apportée au Temple, et remise au cohen, « le
lendemain de la Fête », c’est-à-dire le deuxième jour de Pessa’h, le
16 Nissan : en plus de l’offrande habituelle de la Fête, un agneau était
offert avec « un omer d’orge provenant des prémices de la
moisson » (Vayikra, Lévitique 23.10 et suivants)
C’est seulement après que l’on ait
apporté cette offrande du Omer, qu’il était possible de manger de la nouvelle
récolte des cinq espèces de céréales (blé, orge, avoine, seigle et épeautre) (Lév
23.14).
A partir de l’offrande du Omer, Israël
devait compter « sept semaines, soit cinquante-jours » (Vayikra,
Lévitique 23.15-16 et Devarim, Deutéronome 16.9-10), puis offrir à Dieu une
nouvelle offrande de céréales, cette fois-ci, deux pains provenant du blé
nouveau (Lév 23.17).
Le décompte entre ces deux offrandes est appelé
Sefirat HaOmer, le Compte du Omer.
La première offrande (d’orge) étant faite
à Pessa’h, et la deuxième (de blé) à Chavouot, ce compte a donc une double
nature : c’est, à la fois, le compte des jours entre les deux offrandes et
le compte des jours entre Pessa’h et Chavouot, ce qui nous apporte plusieurs
enseignements essentiels :
Le compte entre Pessa’h et Chavouot met
en évidence que ces deux Fêtes sont inséparables et que le Don de la
Torah, à Chavouot, est le but essentiel de la Sortie de l’esclavage. C’est
d’ailleurs ce qu’enseigne le Sefer Ha’Hinoukh (mitsva 306).
Car la vraie liberté n’est pas seulement la
suppression des oppressions et des limites. La liberté ne devient réelle que lorsque
Dieu nous donne Sa Torah, par laquelle Il nous dit comment vivre. La vraie liberté dans ce monde, et donc la
mise en œuvre de ce que nous sommes, n’est pas caractérisée par la suppression
de nos obligations, mais par leur accomplissement, à la Lumière de la Torah.
On remarquera que le Compte du Omer, de Pessa’h à Chavouot est croissant. Or, lorsque nous attendons un événement important, nous comptons combien de temps nous en sépare encore, par un compte décroissant. Mais le Compte du Omer a une autre nature : car, pendant ces quarante-neuf jours, tout Juif se prépare au Don de la Torah : chaque jour, il travaille sur lui-même, il se raffine et se libère, il avance et s’élève. C’est un temps où il peut découvrir toutes les aptitudes que Dieu lui a données, en vue d’accomplir la mission pour laquelle il est dans ce monde.
En effet, ces sept semaines représentent les sept traits de caractère, dans la personne : ‘Hessed (bonté), Guevoura (rigueur), Tiféret (équilibre), Netsa’h (constance), Hod (humilité), Yessod (fondement) et Mal’hout (royauté). Sept semaines, c’est un total de quarante-neuf jours, et chaque jour correspond à l’un des quarante-neuf traits de caractère qui sont en nous.
Un travail quotidien sur soi-même est d’ailleurs proposé par plusieurs sites internet, en particulier par le site fr.Chabad.org : un « guide spirituel », très simple, mais d’une grande profondeur, avec quarante-neuf étapes, aide chacun à transformer sa vie, et lui permet d’atteindre le raffinement émotionnel et l’épanouissement spirituel.
Un itinéraire est proposé, donnant à chacun
les moyens de progresser, d’étape en étape, jusqu’au point culminant qu’est la
Rencontre avec Dieu et le Don de la Torah.
On fera encore remarquer que l’orge, qui
était offert au Temple, le 16 Nissan, est généralement considéré comme une
céréale destinée au bétail, par opposition au blé, qui est la nourriture de
l’homme. Le compte du Omer est un processus de raffinement, où l’on
commence par apporter une offrande d’orge, car il y a encore de l’animalité, en
nous. Ensuite, tout au long du compte du Omer, on se raffine et, à la fin, on
pourra apporter une offrande de blé, nourriture des hommes.
Mais pourquoi le Compte du Omer
commence-t-il par un temps de deuil, jusqu’au 33eme
jour du Compte (le 18 Iyar, qui correspond avec la Hilloula de Rabbi Chimon bar
Yo’haï, l’auteur du Zohar) ?
Durant cette période, les vingt-quatre
mille élèves de Rabbi Akiva moururent, en raison d’une épidémie, laissant un
vide irremplaçable, dans le monde de la Torah.
La cause en est qu’ils ne se conduisirent
pas avec respect, les uns vis-à-vis des autres. Ils
moururent d’une mort horrible : ils ne pouvaient plus respirer et
moururent étouffés.
Cela est pour nous un
enseignement essentiel : même si nous étudions la Torah, et même si nous
nous efforçons d’appliquer au mieux ses préceptes, gardons-nous bien de nous
juger les uns les autres. Sinon, notre Torah serait irrespirable et ne nous
donnerait pas la vie.
Souvenons-nous toujours
de l’enseignement de Rabbi Akiva lui-même, dans le Talmud : « tu
aimeras ton prochain comme toi-même » (Vayikra, Lévitique 19.18), c’est
un grand principe de la Torah.
Aimer, estimer et
respecter son prochain est un fondement essentiel. C’est ainsi que, nous aussi,
Juifs comme Bnei Noa’h, nous pourrons arriver à Chavouot et recevoir la Torah,
comme le peuple hébreu : Rachi explique que les Hébreux « partirent
de Refidim… ils campèrent.. » puis « Israël campa » : dans
le même verset, le passage du pluriel au singulier nous montre qu’ils cessèrent
toutes « récriminations et querelles » et devinrent « comme
un seul homme, d’un seul cœur ». (Commentaire de Rachi sur Chemot,
Exode 19.2)
Les Bnei Noa’h et le travail sur les midot (les traits de caractère)
Les
hommes juifs ont le commandement de compter le Omer. Ce commandement ne
concerne pas les Bnei Noa’h. Mais ils peuvent, eux aussi, mettre à profit cette
période, pour un travail sur eux-mêmes et bénéficier de ces quarante-neuf jours
d’élévation spirituelle et de développement personnel, entre Pessa’h et
Chavouot.